November 23, 2023
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Innovation par Acquisition : Quelles difficultés pour les grands groupes?

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Dans leur quête d’innovation, les grandes entreprises se tournent souvent vers le développement externe, visant à acquérir des startups prometteuses ou des technologies de pointe. Cependant, l'innovation par acquisition, bien que séduisante en théorie, présente des défis considérables pour les entreprises, notamment sur le plan de l'intégration et de la valorisation des synergies créées.

Approche des grandes entreprises face à l'innovation par acquisition

Dans un contexte où les levées de fonds deviennent de plus en plus complexes, l'acquisition de startups se présente comme une solution attrayante pour les grandes entreprises en quête d'innovation. Cette approche offre l'opportunité d'acheter des entreprises innovantes à des prix souvent réduits, en raison de la pression exercée sur les jeunes pousses pour lever des fonds rapidement. Cependant, cette stratégie d’acquisition constitue-t-elle réellement un levier efficace pour renforcer l'innovation au sein des grands groupes ?

Si les entrepreneurs mettent en avant les montants impressionnants qu'ils parviennent à lever, les entreprises, elles, préfèrent généralement rester discrètes sur les coûts engagés et les résultats obtenus suite à leurs opérations de fusion-acquisition (M&A). Cette réticence peut être expliquée par un fait alarmant : près de 70 % des opérations de fusion-acquisition ne parviennent pas à atteindre les objectifs stratégiques fixés. De plus, selon les études, 75 % des entreprises ayant réalisé une acquisition rencontrent des difficultés d'intégration, freinant ainsi le potentiel d'innovation et d'alignement culturel.

En somme, bien que l'innovation par acquisition puisse sembler être une voie rapide vers l'innovation pour les grands groupes, elle comporte son lot de défis, notamment en termes d'intégration des nouvelles entreprises et de valorisation réelle des synergies créées. Cette approche n’est donc efficace que si elle est accompagnée d’une vision claire et d’une gestion proactive du processus d'acquisition et de son intégration dans la stratégie globale de l'entreprise.

Réalité de l'innovation par acquisition : un mythe largement répandu

En réalité, croire que la fusion-acquisition (M&A) est une voie directe vers l'innovation se révèle être un leurre dans près de 90 % des cas. Bien que séduisante en théorie, cette approche rencontre des obstacles majeurs qui en limitent l’efficacité.

Alors, quelle est la stratégie d'innovation la plus rentable pour les grands groupes ? Trois options se présentent généralement.

La première est le développement en interne, qui peut sembler être une solution attrayante, mais ce développement est souvent freiné par la lenteur des processus internes et une culture d'entreprise qui se montre réticente au risque et à l'agilité. Dans ce cas, l'innovation au sein de l’entreprise est ralentie par les structures existantes, ce qui nuit à la croissance rapide des produits et des services.

La deuxième option consiste à faire appel à des consultants, une solution coûteuse, mais qui, malheureusement, n'entraîne pas nécessairement un transfert de compétences pratiques ni un véritable changement culturel dans l'entreprise.

Enfin, la troisième option est l’acquisition de startups, une stratégie apparemment simple, mais qui s'avère être bien plus coûteuse et complexe qu'elle n'y paraît. L'intégration des startups dans un grand groupe peut s'avérer délicate, d'autant plus que l’agilité des startups entre en conflit avec les processus plus rigides des grandes entreprises. La fusion des cultures et des méthodes peut ainsi constituer un frein important à l'innovation.

Le principal obstacle de l’acquisition réside dans l'intégration. Fusionner une startup agile, habituée à une organisation souple et réactive, avec un grand groupe aux méthodes et à la culture d'entreprise souvent plus lourdes et hiérarchisées est un défi de taille. En réalité, plutôt que de réussir une véritable intégration, on assiste trop souvent à une juxtaposition, où la startup acquise continue de fonctionner de manière indépendante, sans s'intégrer pleinement aux processus du groupe. Cette situation limite considérablement l'impact de l'innovation, comme l'illustre l'exemple de Carrefour avec son acquisition de Quitoque, où l'intégration n'a pas permis de maximiser les synergies espérées.

Ainsi, bien que l'acquisition semble une voie directe pour stimuler l'innovation, elle comporte de nombreux défis, notamment sur le plan de l'intégration, ce qui peut rendre cette stratégie moins rentable à long terme que d'autres alternatives.

Alternative : Le Venture Building, une approche agile et diversifiée

Face aux limites de l'innovation par acquisition, une alternative de plus en plus populaire émerge : le Venture Building. Cette méthode, à la fois plus abordable et moins risquée, repose sur la détection d'opportunités commerciales et la constitution d'équipes d'entrepreneurs capables d'innover rapidement et de manière agile. Plutôt que d'acheter une entreprise ou une startup, les grands groupes investissent dans la création de nouvelles startups ou initiatives entrepreneuriales, permettant de diversifier les risques tout en générant de nouveaux vecteurs de développement. En outre, cette approche conserve l'ADN de l'entreprise et la place au cœur du processus d'innovation.

Pour réussir en Venture Building, plusieurs facteurs sont essentiels. D'abord, il est crucial de respecter le tempo du marché et d'identifier rapidement les tendances émergentes, afin de saisir les meilleures opportunités. Les entreprises doivent être réactives et prêtes à adapter leur stratégie pour rester compétitives sur le marché.

Ensuite, il faut créer un environnement propice pour une équipe d'entrepreneurs dynamiques, avec une forte culture d'agilité et d'expérimentation. Cela implique de mettre en place un cadre flexible qui favorise l'innovation et encourage la prise de risques mesurés.

Enfin, la mise en place d’un modèle de co-actionnariat (où les collaborateurs et les entrepreneurs partagent une partie du capital) permet d'aligner les intérêts de toutes les parties prenantes. Ce modèle favorise la cohésion, stimule l'engagement et garantit que l'innovation est ancrée dans la stratégie à long terme de l'entreprise.

Le Venture Building offre également de nombreux avantages. Il permet de mieux contrôler les risques financiers, en répartissant les investissements sur plusieurs initiatives, tout en permettant à l'entreprise de diffuser l'innovation et l'agilité à travers ses équipes. Cela se traduit par la création d'actifs sur-mesure, spécifiques aux besoins du groupe, et renforce l'attractivité de l'entreprise auprès des talents, en cultivant un environnement de collaboration, d'innovation et de prise de risques maîtrisée. Ce modèle contribue ainsi à positionner l'entreprise pour l'avenir, en lui offrant la flexibilité nécessaire pour répondre aux défis du marché et saisir les nouvelles opportunités de croissance.

Ainsi, bien que l'innovation par acquisition puisse parfois paraître une solution évidente, le Venture Building représente une alternative plus souple, diversifiée et alignée avec les défis actuels du marché et les besoins des grandes entreprises.